Au travers de l’estampe, j’ai exploré l’appropriation par l’homme d’un paysage estrien en une destination touristique; une image créée il y a plus d’un siècle fut mon point de départ.
Le pastel « Lake Memphremagog and Owl’s Head » de Mary Catherine Gill fait parti d’une collection d’oeuvres d’art et une recherche effectuée sur cette artiste au Centre Culturel Uplands de Lennoxville, Qc, révèle que ce pastel a été créé il y a plus d’un siècle.
« Lake Memphremagog and Owl’s Head » représente fidèlement la silhouette de la montagne d’Owl’s Head, vue du lac vers les États-Unis pour quiconque connait cette région. Sur cette montagne de Mary Gill, il n’y a ni les pistes de ski pourtant familières de Owl’s Head ni même l’Abbaye Saint-Benoît-du-Lac, ces dernières ayant été implantées au vingtième siècle.
Les artistes représentent souvent leurs coins de pays et Mary Catherine Gill (1861-1946) n’y a pas fait exception. Mary Gill a passé une bonne partie de sa vie en Estrie. Elle a exposé à de nombreuses reprises aux différents « Salon du Printemps » du Montreal Art Association de 1897 à 1920, de même qu’à l’Académie Royale Canadienne en 1899.
En créant un pastel de la montagne d’Owls Head à partir du lac, Gill choisissait de représenter une montagne connue de son coin de pays située entre les villes de Newport aux États-Unis et la ville de Magog au Québec, villes qui étaient alors reliées par une ligne de bateaux à vapeur entre les années 1850 et 1930. L’avènement d’une ligne de chemin de fer, mais encore plus de l’automobile, permettant l’arrivée importante de nouveaux résidents et villégiateurs, mettra fin à cette liaison par bateaux.
Comme un clin d’œil à un groupe d’œuvres de Katsushika Hokusai (1760-1849), qui a lui aussi représenté son coin de pays, le Japon, en créant 36 vues du mont Fuji par le procédé d’estampes, on retrouvera ici 36 fois des estampes du mont Owl’s Head qui laissent entrevoir la marque laissée par l’homme, depuis les années qui les séparent de l’œuvre de Gill. Mais tout comme dans l’œuvre de Hokusai, « 36 » n’égale pas toujours 36…
Il existe une gamme variée de procédés en estampe et on en retrouve quelques-uns ici. Imprimés sur papiers industriels 100% coton de qualité archives, papier japonais et d’autres faits main tels que papiers d’ananas, de quenouilles, de chemises de coton, de cartons et/ou de livres recyclés, ces estampes mettent en lumière les similitudes et différences que ces divers procédés produisent sur des papiers différents, et permettent d’en apprécier leurs qualités propres.